Alma, le 21 avril 1999
Communiqué de presse
Les locataires d'Alma se sont appauvris
La situation des locataires d'Alma qui représentent 38 % des ménages de la ville s'est sérieusement détériorée depuis le début des années quatre-vingt-dix, au point où l'organisme Loge m'entraide n'hésite pas à parler de crise du logement. Loge m'entraide s'est joint au Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), qui achève une importante tournée nationale de présentation d'un Dossier noir sur le logement et la pauvreté, pour réclamer un investissement important de la part des gouvernements dans le développement du logement social.
Une crise majeure
En se basant sur les données du recensement canadien de 1996, Loge m'entraide affirme qu'à Alma, quatre ménages locataires sur dix consacrent plus de 30 % de leur revenu brut en loyer (chauffage et électricité inclus) ce qui est considéré comme un seuil critique par les gouvernements eux-mêmes. Environ 1500 ménages locataires sont dans cette situation à Alma.
Parmi ces ménages, 800 se retrouvent dans une situation encore plus dramatique puisqu'ils doivent engloutir la moitié et plus de leur revenu en coûts de logement. Ce nombre était de 515 en 1991. Il a donc augmenté de pas moins de 55 % en l'espace de cinq ans. Loge m'entraide s'alarme de cette aggravation et rappelle que, pour arriver à payer leur loyer, ces ménages doivent couper dans les autres besoins essentiels, en particulier la nourriture.
L'organisme Loge m'entraide précise que certaines catégories de personnes et de familles sont plus touchées. Les femmes vivent entre autres le problème du logement beaucoup plus crûment que les hommes. 48 % des ménages dirigés par des femmes consacrent plus que la norme de 30 % de leur revenu pour se loger, alors que ce pourcentage est de 33 % dansle cas des hommes.
Les personnes seules rencontrent des difficultés particulièrement criantes à se loger, 56 % d'entres elles consacrent plus de 30 % du revenu en loyer et 30 % devant y injecter plus de la moitié de leur maigre revenu.
Enfin, les catégories d'âge les plus touchées sont les jeunes de 15 à 24 ans et les personnes âgées de 55 à 64 ans.
Les causes
Loge m'entraide constate que la crise du logement n'est pas propre à Alma. Non seulement les principales villes du Saguenay vivent-elles des problèmes similaires, mais c'est aussi le cas à l'échelle du Québec. Selon le Dossier noir du FRAPRU, 519 000 ménages locataires québécois consacrent aujourd'hui plus de 30 % de leur revenu au loyer, dont 274 000 plus de 50 %.
Le Dossier noir du FRAPRU identifie la baisse du revenu des locataires comme cause principale de la détérioration de la situation des locataires. Ce constat se vérifie à Alma où le revenu annuel des ménages locataires est passé de 24 708 $ en 1990 à 23 869 $ en 1995, pour une baisse de plus de 800 $ (sans même tenir compte des effets de l'inflation).
Selon Loge m'entraide, le manque de logements sociaux est également une des causes importantes de la détérioration de la situation. Alors qu'Alma compte 1500 ménages locataires qui auraient besoin d'une aide au logement, elle dispose que 263 logements de type HLM.
L'organisme rappelle que le développement de nouveaux HLM est à zéro depuis 1994, alors que le gouvernement fédéral s'est retiré de leur financement. Quant aux logements coopératifs et sans but lucratif, le gouvernement québécois n'en finance que 1325 par année pour tout le Québec, avec le programme AccèsLogis. De ce nombre, à peine 40 logements sont prévus pour l'ensemble du Saguenay et du Lac-St-Jean. Or, depuis le début du programme lancé en 1997, aucun logement n'a encore vu le jour dans la région.
Loge m'entraide croit que ce problème pourrait être résolu, si les villes de la région, dont Alma, acceptaient de contribuer financièrement au programme, ce qui ne leur coûterait qu'autour de 10 000 $ par logement. Tout en souhaitant que les municipalités fassent un effort minimal en faveur de leurs citoyens et surtout de leurs citoyennes les plus démunies financièrement, Loge m'entraide se joint au FRAPRU pour réclamer un effort beaucoup plus important de la part des gouvernements supérieurs. Les deux groupes croient que cela est tout à fait possible, compte tenu des surplus budgétaires dont jouissent maintenant les paliers de gouvernement, tant fédéral que provincial.
Ils réclament qu'Ottawa et Québec financent un grand chantier permettant la réalisation de 8000 nouveaux logements sociaux par année à l'échelle du Québec, sous la forme de HLM, de coopératives d'habitation et de logements sans but lucratif. Selon les groupes, un tel chantier contricurait considérablement à diminuer les problèmes de logement qui affligent notamment les locataires d'Alma.