Chicoutimi, 13 mai 1999
Communiqué de presse
Un "salon du logement social" édifié devant le congrès de l'UMQ;
Les municipalités invitées à se mobiliser en faveur du logement social
C'est en animant un "Salon du logement social" à l'extérieur du congrès de l'Union des municipalités du Québec, tenue à Montréal, que des mals-logés provenant d'une quinzaine de villes ont tenté d'alarmer les élus municipaux sur la gravité de la situation du logement.
Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m'entraide était présente à cet événement, accompagné de cinq locataires de la région, qui sont venu au nom des 9 420 ménages locataires du Saguenay, qui paient actuellement plus de 30 % de leur revenu pour se loger. L'organisme a eu la chance de rencontrer le Maire Jean Tremblay accompagné de trois conseillers, deux conseillers de La Baie ainsi qu'un conseiller de Laterrière afin de les sensibiliser à la question. " Il faut dire que beaucoup de personnes d'élues ne sont pas nécessairement au courant du programme qui existe, qui se nomme AccèsLogis ", affirme Mme Côté.
Le Front d'action populaire en réaménagement urbain et ses groupes membres, dont Loge m'entraide, ont demandé aux municipalités d'appuyer concrètement leur revendication en faveur de la mise en place d'un grand chantier de logement social permettant le développement de 8000 logements par année à l'échelle du Québec, (ce qui donnerait 250 nouveaux logement par année pour le Saguenay-Lac-St-Jean). Ils ont également rappelé aux villes qu'elles devaient elles-mêmes mettre l'épaule à la roue en contribuant financièrement à AccèsLogis, le seul programme de logement social existant pour le moment.
Profitant de la présence de la ministre responsable de l'Habitation, Louise Harel, au congrès de l'UMQ, le FRAPRU l'a à nouveau pressée de tout mettre en uvre pour une véritable relance du logement social.
Des problèmes dramatiques
En s'appuyant sur un Dossier noir sur le logement et la pauvreté au Québec qu'il a publié récemment, le FRAPRU a dressé un portrait particulièrement sombre de la réalité vécue par un nombre grandissant de locataires. Dans la ville de Montréal, par exemple, 86 000 ménages locataires consacrent plus de la moitié de leur revenu en loyer, 25 % des ménages locataires se retrouvent dans cette situation dramatique.
À Québec, par exemple, près de 13 000 ménages locataires doivent engloutir la moitié et plus de leur revenu en loyer. Il s'agit de 23.5 % des ménages. À Trois-Rivières, ce pourcentage est de 25 %, à Hull et Chicoutimi de 23 %, Sherbrooke de 21 %.
Dans l'ensemble du Québec, 519 000 ménages locataires consacrent plus que la norme de 30 % de leur revenu en loyer, dont 274 000 plus de 50 %. Il s'agit, dans ce cas, d'une augmentation de 41 % par rapport à la situation vécue cinq ans plus tôt.
Pour un grand chantier de logement social
Selon le Loge m'entraide et le FRAPRU, cette crise du logement doit alarmer les municipalités. Elles ne peuvent, à leur avis, se contenter des 1325 logements qui peuvent présentement se réaliser annuellement à l'échelle du Québec, avec le programme AccèsLogis. Ils proposent donc d'adhérer à l'idée d'un grand chantier de logement social permettant plutôt d'en développer 8000 par année.
Au moment du débat sur un nouveau pacte fiscal Québec-municipalités, le FRAPRU a précisé que le financement du logement social est et doit rester une responsabilité des gouvernement supérieurs. C'est donc aux paliers fédéral et québécois que l'organisme demande de financer le grand chantier de logement social qu'il revendique. Ce que le FRAPRU demande par contre aux municipalités, c'est de faire entendre fortement leurs voix en faveur d'un tel investissement.
Une contribution financière à AccèsLogis
Le FRAPRU demande également aux villes de fournir elles-mêmes un effort financier minimal, en contribuant à l'actuel programme AccèsLogis. Une des exigences de ce programme créé en 1997 est en effet la participation financière des municipalités qui doit être au moins égale au tiers des subventions accordées par le gouvernement québécois (ce qui représente autour de 10 000 $ par logement). C'est la condition sine qua non pour qu'un projet se réalise dans une ville.
Or, si des municipalités comme Montréal, Québec, Sherbrooke, Verdun ou Châteauguay ont accepté de jouer ce rôle, d'autres se laissent tirer l'oreille.
Le FRAPRU, cite par exemple la ville de Sainte Foy, qui a récemment refusé un projet de coopérative d'habitation, alors que 4000 ménages locataires y paient plus de la moitié de leur revenu en loyer. Il parle également de Laval où le maire Vaillancourt semble vouloir se venger de la facture que le gouvernement Bouchard a refilé aux municipalités sur le dos de ses citoyens et de ses citoyennes les plus mal pris. Il évoque aussi la ville de Montréal-Nord, dirigée par le maire Yves Ryan, qui se ferme les yeux sur les 18 logements sociaux qui lui sont offerts, alors que plus de la moitié des locataires de sa ville paient plus que la norme de 30 % de leurs revenus en loer.
Selon le FRAPRU et Loge m'entraide " le logement social n'est pas une simple dépense. Il s'agit d'un investissement qui a des retombées importantes dans les municipalités et ce, aussi bien au plan économique ".