Chicoutimi, 13 octobre 1999

" Ce qui nous fait le plus peur, contrairement au premier ministre Bouchard, ce n'est pas que le fédéral veuille s'ingérer dans le logement social, mais qu'il continue à se laver complètement les mains des problèmes des mal-logés et des sans-abri ". C'est en ces termes que Sonia Côté, coordonnatrice de l'organisme Loge m'entraide a commenté les remarques faites sur les enjeux du logement et de l'itinérance dans le Discours du budget, prononcé hier aux Communes.

À l'opposé du premier ministre du Québec, Loge m'entraide ne voit pas le Discours du budget aucune volonté affirmée de la part du gouvernement fédéral de réinvestir dans le logement social, dont il s'est retiré, depuis le 1 janvier 1994. L'organisme reproche plutôt au gouvernement Chrétien d'avoir soigneusement évité de prendre quelque engagement financier que ce soit ou même de s'être fixé un échéancier, comme il l'a fait dans d'autres domaines. Il s'est à son avis, contenté de principes vagues à souhait comme " continuer de travailler de concert avec ses partenaires dans tous les secteurs pour s'attaquer aux causes profondes à l'origine de la situation des sans-abri " et " d'aider les collectivités à répondre aux besoins de leurs membres, entre autre en matière de logement ".

Selon Loge m'entraide, " avec ce genre de propos, le fédéral continue d'ignorer les recommandations de l'ONU, qui en décembre dernier, demandait au gouvernement de considérer les problèmes de logement et d'itinérance comme une urgence nationale ". "Où est l'urgence dans le Discours du trône ??? ", se demande Sonia Côté en rappelant que le nombre de ménages consacrant plus de la moitié de leur revenu en loyer a augmenté de 43 % au Canada depuis les années quatre-vingt-dix…

Loge m'entraide réclame donc que le gouvernement Chrétien passe à l'action dès son prochain budget, en prévoyant des fonds substantiels pour un réinvestissement dans le développement de HLM, de coopératives d'habitation et de logements sans but lucratif.

Si Loge m'entraide demande un réinvestissement massif de la part du fédéral, il rejoint cependant les préoccupations du gouvernement Bouchard, en demandant que celui-ci se fasse dans le respect des interventions faites par les provinces, notamment le Québec qui a déjà un programme de logement social baptisé AccèsLogis.

"Ce que nous voulons, conclut Sonia Côté, c'est qu Ottawa remette de l'argent, pas qu'il cherche à adopter des programmes s'appliquant uniformément d'un bout à l'autre du Canada. Les problèmes de logement ne sont pas les mêmes à Montréal qu'à Toronto. Ce qu'ils ont en commun, c'est le manque de fonds pour réaliser du logement social et c'est là où le fédéral peut et doit jouer son rôle ".