Chicoutimi, le 3 février 1999
Communiqué de presse
Au moment même où se tient une manifestation nationale à Ottawa
Loge m'entraide presse le gouvernement fédéral de réinvestir dans le logement social
Loge m'entraide presse le gouvernement Chrétien de réinvestir dans le développement du logement social, dans son prochain budget, prévu pour février. Loge m'entraide s'associe ainsi aux quelques centaines de membres du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui manifeste aujourd'hui même en ce sens à Ottawa.
Selon l'organisme Loge m'entraide, les surplus budgétaires dont profite aujourd'hui le gouvernement fédéral lui permettent d'injecter des sommes importantes dans ce domaine qu'il a abandonné, il y a déjà cinq ans. La coordonnatrice de l'organisme, Sonia Côté, ajoute que cet investissement permettrait au fédéral de se conformer à la recommandation de l'ONU qui, en décembre, avait demandé à Ottawa de "reconnaître l'itinérance et les problèmes de logement au Canada comme une urgence nationale".
Le coût de l'abandon fédéral
Depuis le 1 janvier 1994, le gouvernement fédéral s'est totalement retiré du développement de nouveaux logements sociaux au Canada. Dans les quatre années précédentes, Ottawa s'était livré à toute une série de compressions budgétaires qui avait réduit la réalisation de logements sociaux à sa plus simple expression.
Loge m'entraide estime que ce désengagement graduel puis total d'Ottawa a gravement contribué à la détérioration de la situation du logement au Canada et au Québec. De 1990 à 1998, il aurait privé les mal-logés et les sans-abri de pas moins de 116 000 logements sociaux, dont 29 000 au Québec.
Suite à ce retrait, il n'y a plus que deux provinces à travers tout le Canada où se réalisent encore des logements sociaux, et en bien petit nombre, grâce à des subventions provinciales.
Le Québec est une de ces provinces, avec le programmes AccèsLogis qui ne permet que la réalisation annuelle de 1325 logements à l'échelle du Québec. Ce nombre est ridiculement faible par rapport aux besoins. Sonia Côté rappelle que toute la région du Saguenay-Lac-St-Jean ne dispose que de 40 logements par année, alors que les villes de Chicoutimi, Jonquière et La Baie comptent à elles seules 5 355 ménages locataires consacrant la moitié et plus de leur revenu pour se loger.
Loge m'entraide croit que le fédéral doit à nouveau faire sa part pour s'attaquer à ce problème. Il rejoint ainsi le jugement porté par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l'ONU, qui le 4 décembre dernier, à Genève, déplorait le retrait du gourvernement fédéral du développement du logement social et lui demandait d'en faire une "urgence sociale".
L'échéance du prochain budget Martin
Loge m'entraide rappelle que c'est au nom de la lutte au déficit que le fédéral s'est retiré du développement du logement social. Or, Ottawa se retrouve maintenant en situation de surplus budgétaires. L'organisme croit que ces surplus doivent en priorité être réinvestis dans les programmes sociaux.
Il précise que la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), l'organisme, qui par le passé a joué un rôle moteur dans le développement du logement social au Canada, dispose elle-même de sommes importantes provenant d'économies réalisées dans le financement et le fonctionnement des logements sociaux existants. Jusqu'ici, ces économies ont été presque entièrement reprises par le ministre des Finances, Paul Martin, dans sa lutte au déficit. En quatre ans, cette ponction a privé la SCHL d'environ un demi-milliard $. Or, Loge m'entraide a appris qu'à partir du 1 avril prochain, la SCHL redeviendra maître de la totalité de ces économies, ce qui lui donne la marge de manuvre nécessaire pour faire des interventions importantes dans le domaine du logement.
Selon Sonia Côté, suite aux pressions très fortes, venant en particulier de l'Ontario, le gouvernement Chrétien lui-même jonglerait avec l'hypothèse de se donner un plan d'action sur le problème des sans-abri. Loge m'entraide souhaite non seulement que le fédéral aille de l'avant avec un tel plan, mais aussi que celui-ci soit ambitieux, qu'il permette de s'attaquer plus largement aux problèmes de logement des plus démunis et qu'il passe en particulier par le logement social qui est, à son avis, la formule la plus complète d'aide aux sans-abri et aux mal-logés.