Chicoutimi, le 18 décembre 1999
Communiqué de presse
LOGE MENTRAIDE réagit aux annonces faites par les ministres Bradshaw et Gagliano
Le problème du logement des sans-abri demeure entier
Loge mentraide et le Front daction populaire en réaménagement urbain, qui
mène campagne depuis plusieurs semaines en faveur dun réinvestissement massif du
gouvernement fédéral dans le logement social, sont déçus des mesures annoncées hier,
à Toronto, sur la question de litinérance par la ministre responsable des
sans-abri, Mme Claudette Bradshaw, et le ministre des Travaux publics, M. Alfonso
Gagliano.
Loge mentraide et le FRAPRU sont particulièrement indignés que la seule mesure concrète relative à lhabitation dans le plan daction de la ministre soit lajout de 268 millions $ en trois ans dans le Programme de remise en état des logements (PAREL) qui finance la rénovation domiciliaire. Pour les organismes, Ottawa ne fait ainsi que répéter, en le bonifiant, le geste posé le 18 décembre 1998, alors que le ministre Gagliano, avait annoncé lajout de 50 millions $ en un an à ses programmes de rénovation, en prétendant que cet argent était destiné aux itinérants.
Or, selon les deux organismes, lexpérience a démontré que ce nétait pas le cas et que ces subventions, qui sadressent aux propriétaires de logements locatifs et aux propriétaires occupants, nétaient utilisées que de manière accessoire pour fournir du logement permanent ou même de lhébergement aux personnes itinérantes. Le FRAPRU précise, à titre dexemple, que de 1996 à 1999, les subventions à la rénovation accordées conjointement par les trois paliers de gouvernement nont permis la réalisation à Montréal que de quatre projets totalisant 108 unités de logement ou dhébergement pour sans-abri. Or, une étude récente de Santé Québec a recensé 12 666 personnes ayant été sans domicile fixe à Montréal à un moment où lautre de 1996...
Selon la coordonnatrice de Loge mentraide, Sonia Côté, "le gouvernement Chrétien continue de bluffer, de faire croire quil soccupe des problèmes de logement des sans-abri, plutôt que de sy attaquer réellement". Elle déplore quil ny ait rien dans les annonces des ministres pour financer du logement social permanent pour les sans-abri.
Il est possible que les 305 millions $ attribués au programme baptisé Initiative de partenariats en action communautaire, qui doit faire lobjet de négociations avec les provinces et les territoires, puissent être utilisés à cette fin, mais rien nest assuré et ces sommes deviendront très rapidement insuffisantes pour financer dans tous les domaines des initiatives pour les sans-abri.
Loge mentraide et le FRAPRU se tournent maintenant vers le budget du ministre des Finances, Paul Martin, en espérant que celui-ci permettra de répondre beaucoup plus adéquatement aux besoins des sans-abri, mais aussi des personnes et des familles qui doivent consacrer un pourcentage disproportionné de leur revenu en loyer. Le FRAPRU rappelle que le nombre de ménages locataires devant consacrer plus de la moitié de leur revenu au Canada est passé de 583 705 en 1991 à pas moins de 833 555 en 1996. Il sagit dune augmentation de 43 %. Le tiers de ces ménages se trouve au Québec (273 825 ménages locataires).
Les organismes continuent de revendiquer que le fédéral double son budget en habitation, pour le faire passer à 2 % des dépenses publiques, ce qui lui permettrait de recommencer à financer de nouveaux logements sociaux, ce quil ne fait plus depuis six ans. Québec doit sassurer dune meilleure utilisation des fonds Compte tenu que cest le gouvernement Bouchard qui, au Québec, aura la responsabilité dadministrer les subventions supplémentaires que le gouvernement fédéral vient daccorder à la rénovation domiciliaire, en collaboration avec les municipalités, ils lui demande minimalement de sassurer quelles auront les retombées les plus importantes possibles pour les sans-abri et les mal-logés.
Au lieu de verser lentièreté de ces sommes supplémentaires dans ses propres programmes de rénovation, comme il la fait lan dernier, Loge mentraide et le FRAPRU lui demande den diriger au moins une partie vers son programme AccèsLogis qui permet le développement de logements coopératifs ou sans but lucratif pour les ménages à faible revenu, en assurant quils ny consacreront pas plus de 25 % de leur revenu en loyer.
Les organismes rappellent que, lors de lannonce du financement de 31 logements destinés aux sans-abri de lAccueil Bonneau, le 13 décembre, la ministre responsable de lHabitation, Mme Louise Harel, avait souligné avec justesse que tout nouveau fonds en provenance du fédéral devait respecter les priorités fixées par le Québec et aller "en logements permanents ou de transition avec support communautaire, plutôt quen lors dhébergement durgence". Or, pour Loge mentraide et le FRAPRU, le seul programme qui permette de sassurer que ce sera véritablement le cas est justement AccèsLogis.