Chicoutimi, le 9 mai 2001
Communiqué de presse
Loge
m’entraide lance aujourd’hui un appel d’urgence au gouvernement Chrétien
pour que le programme de logements abordables de 680 millions $ en quatre ans
qu’il a promis durant la dernière campagne électorale permette de réellement
s’attaquer à la crise actuelle du logement locatif. Cet appel survient
quelques jours à peine avant que le Conseil fédéral des ministres ne soit
appelé à se prononcer sur ce programme qui devrait être lancé officiellement
avant la fin mai.
Loge
m’entraide craint que celui-ci passe carrément à côté de la cible et que
le gouvernement Chrétien gaspille 680 millions $ en cadeaux à des promoteurs
immobiliers, sans que ceux-ci n’aient de retombées réelles pour les
locataires les plus en difficulté. Ces craintes sont notamment fondées sur les
propos du ministre responsable de l’habitation, Alfonso Gagliano, qui a récemment
déclaré non seulement que le programme créé n’en serait pas un de logement
social, mais aussi qu’il ne s’adresserait pas aux plus pauvres.
Si Loge m’entraide est d’accord pour stimuler la construction de logements locatifs, qui est présentement à son plus bas, il estime également qu’il faut en permettre la pleine accessibilité financière aux locataires à faible et modeste revenus. L’organisme croit que, pour y parvenir, le programme fédéral devra ouvertement favoriser la construction de logements sans but lucratif.
Une pénurie de logements, oui ... mais
surtout de logements accessibles
Loge
m’entraide affirme que, si le Québec est présentement touché par une grave
pénurie de logements locatifs, ce sont les ménages à plus faible revenu qui
en sont les principales victimes.
Loge
m’entraide précise que le pourcentage de logements locatifs inoccupés, qui
devrait se situer autour de 3 % pour que le marché soit considéré comme équilibré,
atteignait un point critique dans plusieurs centres urbains du Québec, lors de
la dernière enquête de la Société canadienne d’hypothèques et de
logement, en octobre 2000. Il était en effet de 1,4 % à Hull, de 1,5 % à
Montréal, de 1,6 % à Québec. Il était aussi en chute dans les autres régions
métropolitaines.
Selon
Loge m’entraide, il faut mettre ces chiffres alarmants en lien avec ceux du
dernier recensement canadien de 1996 qui démontraient qu’une large part des
locataires étaient déjà dans une situation d’extrême difficulté. Il a
rappelé que 275 000 ménages locataires québécois consacraient alors plus de
la moitié de leur revenu pour se loger, dont 163 000 dans la région métropolitaine
de Montréal, 27 000 dans celle de Québec, 8500 en Outaouais québécois, 5500
à Chicoutimi-Jonquière, etc.
Sonia
Côté croit que ce sont ces ménages qui sont maintenant les plus durement
touchés par le manque de logements. Ce sont eux qui ne peuvent faire face à la
moindre hausse de loyer si minime soit-elle, qui se voient systématiquement
refuser l’accès à un nouveau logement parce qu’ils sont considérés a
priori comme des mauvais payeurs potentiels, qui sont refoulés dans des taudis
qui n’ont pas trouvés d’autres preneurs, etc.
Privilégier le logement sans but
lucratif
La
coordonnatrice de Loge m’entraide, Sonia Côté, estime qu’«il serait
tout à fait scandaleux que les 680 millions $ que le fédéral s’apprête à
investir dans le domaine du logement passent carrément sous le nez des
locataires qui ont justement le plus besoin d’aide». Évaluant qu’il
est encore temps d’éviter une telle erreur, Loge m’entraide demande aux
ministres du gouvernement Chrétien de s’assurer que le logement sans but
lucratif sera favorisé dans l’octroi de ses subventions.
Pour
ce faire, Loge m’entraide recommande que celles-ci soient suffisantes pour à
la fois couvrir les coûts de construction des logements et assurer leur pleine
accessibilité financière aux ménages à plus faible revenu. Il demande également
que les subventions soient conditionnelles à l’offre de logements à un prix
inférieur à celui du marché et qu’un contrôle rigoureux de ces loyers soit
exercé par la suite.
Enfin,
Loge m’entraide demande au gouvernement fédéral de permettre que son
programme, qui en sera un à frais partagés avec les provinces, ait la
souplesse nécessaire pour que celles qui désirent carrément utiliser les
argents fédéraux à des fins de logement social aient toute la latitude voulue
pour le faire. L’organisme espère que ce sera le cas du Québec.
Loge
m’entraide et le FRAPRU se disent forts, dans ses représentations, de
l’appui de 425 organismes nationaux et locaux du Québec, dont 60 du Saguenay
qui ont envoyé des lettres à cet effet au premier ministre Jean Chrétien.