12 juillet 2010

 

 

LETTRE OUVERTE

 

97,4 % DE BONS PAYEURS À SAGUENAY

 

 

A/s      Mme Catherine Delisle

 

J’espère que mes propos permettront à la toute fin de relativiser les choses face à l’évincement de la locataire pour non paiement de loyer. Dans le Progrès-dimanche du 11 juillet 2010, vous écrivez : « Avec les Linda Gagné de ce monde, se sont toutes les personnes appauvries qui voient leur réputation entachée ».

 

J’invite la population à faire preuve de discernement face à ce comportement hors du commun. En tant qu’intervenante sociale dans le domaine du logement depuis 12 ans, il est évident que derrière cette histoire publique se cache un problème humainement plus profond que celui du non paiement de loyer.  Ainsi, permettez-moi de parler de façon plus générale de cet épineux sujet.

 

97,4 % de bons payeurs

 

Au Québec, il y a 3 à 5 % de mauvais payeurs et le taux diminue à 0,5 % pour ceux qui vivent dans un logement social.  De toute évidence, la majorité des locataires sont de bons payeurs et ils le sont encore davantage lorsqu’ils vivent dans un logement social.

 

À Saguenay, en 2008-2009, 614 causes ont été entendues à la Régie du logement pour non paiement de loyer, équivalent à 2,6 % sur le nombre total de ménages locataires (23 060). Ainsi, 97,4 % des locataires sont de bons payeurs. Ces pourcentages devraient nous réjouir et même nous surprendre si on considère que 1455 ménages locataires doivent engloutir plus de 80 % de leur revenu au logement, que 3520 doivent y consacrer plus de 50 %.

 

Mission de Loge m’entraide

 

Loge m’entraide a pour mission de défendre les droits des personnes locataires à faible revenu mais nous intervenons jamais à l’encontre des droits des propriétaires. Loge m’entraide ne cautionne en aucun cas le non-paiement de loyer. D’ailleurs, lorsque nous intervenons auprès d’un locataire qui vit des problèmes de logement, notre première question est : avez-vous payé votre loyer malgré tous ce que vous vivez ? Tout locataire doit respecter le contrat qu’il a signé, soit le bail, qui ordonne de payer le loyer à chaque mois (article 1903 du Code civil).

 

Mais d’un autre côté, il peur arriver qu’un locataire ait une difficulté à payer un mois de loyer de façon ponctuelle et non éternelle. Divorce, perte d’emploi, problème de santé, délai avant d’obtenir le premier chèque de chômage, bris d’appareils ménagers, etc sont autant de raisons qui peuvent créer un impondérable dans la vie d’un locataire. La plupart du temps, le propriétaire accordera l’indulgence à son locataire qui finira par rendre son dû sans problème. Même si rien dans la loi ne justifie un non paiement de loyer sauf exception, humainement parlant, il est  possible de s’entendre à l’amiable devant une situation particulière et un locataire de bonne foi.

 

Travailler sur les causes

 

L’incapacité de payer est un problème de société qui va au-delà de l’individu. Cela amène donc cette question : évincer un locataire règle en quoi le problème à long terme ? Pour combattre ce phénomène, il faut des solutions durables qui s’attaqueront aux causes et non aux conséquences. Par exemples, le manque de logements sociaux, le revenu ridiculement bas de la Solidarité sociale, le salaire minimum qui ne suit pas le coût de la vie, les hausses répétitives de tarifs comme Hydro, les coûts de loyers qui grimpent en flèchent, etc…

 

Bref, n’oublions que dans toutes les sphères de la société, riches ou pauvres, il y aura toujours des cas d’exceptions qui arriveront à défier la loi et le respect des autres. Pensons seulement à Norbourg, Earl Johns ou aux scandales des commandites…  Ces cas d’exceptions n’ont pas fait en sorte d’arrêter complètement d’investir à la bourse, de faire confiance à son comptable ou de s’impliquer dans    la politique…

 

Sonia Côté, coordonnatrice de Loge m’entraide

 

 

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