Chicoutimi, le 18 décembre 2000

Communiqué de presse

Malgré la signature d’une entente fédérale-provinciale

LES SANS-ABRI RESTERONT SANS LOGEMENT

Même si le gouvernement fédéral et celui du Québec ont annoncé hier qu’ils en sont venus à une entente sur la question des sans-abri, Loge m’entraide affirme que le problème du logement des personnes itinérantes demeure quant à lui sans réponse.

Selon Loge m’entraide, un an exactement après que le gouvernement Chrétien ait annoncé une stratégie canadienne de 753 millions $ sur les sans-abri, pas un sou n’a encore été utilisé au Québec pour fournir un logement à des personnes sans-abri ou à risque de le devenir. L’organisme ajoute que ce n’est pas l’entente annoncée hier entre les deux gouvernements qui va y changer quoi que ce soit puisque le financement de logements en est spécifiquement exclu.

Un rappel des faits

Loge m’entraide rappelle que la stratégie canadienne sur les sans-abri, annoncée le 17 décembre 1999, comportait plusieurs volets. Un de ceux-ci est l’Initiative de partenariats en action communautaire (IPAC) doté d’un budget total de 305 millions $ en trois ans. C’est sur celui-ci que les gouvernements fédéral et québécois ont fini par s’entendre, après de longs mois de discussion.

Un autre volet majeur est celui du logement, auquel Ottawa a accepté de consacrer 268 millions $ sur une période de quatre ans, dont environ 60 millions $ au Québec. Dans ce dernier cas, il n’y a pas eu besoin de longues négociations, l’argent fédéral passant par des programmes gérés par le gouvernement québécois. Celui-ci a ainsi reçu près de 14 millions $ pour 1999-2000 et 15 millions $ pour 2000-2001. Or, selon Loge m’entraide, ces sommes n’ont en rien servi à loger des sans-abri.

Un blâme au fédéral

Loge m’entraide en blâme tout d’abord le gouvernement fédéral qui a choisi d’investir ses 268 millions $ dans des subventions à la rénovation domiciliaire privée plutôt que de les diriger clairement vers du logement social avec support communautaire, comme il en finançait auparavant avec succès.

Loge m’entraide estime en effet que, même si les subventions à la rénovation permettent d’améliorer la qualité, la sécurité ou la salubrité des logements, elles ne garantissent pas des loyers plus accessibles financièrement aux personnes à plus faible revenu. Aucun soutien ne peut non plus être offert dans ces logements aux locataires aux prises avec des problèmes au niveau de la santé mentale, de la toxicomanie, etc.

Québec aussi à blâmer

Loge m’entraide pointe aussi du doigt le gouvernement du Québec qui avait toute la latitude voulue pour se servir des sommes supplémentaires obtenues du fédéral pour développer de véritables logements permanents pour les sans-abri, mais qui ne l’a pas encore fait. L’organisme s’en étonne d’autant plus que, dans sa réponse aux annonces faites par le fédéral en décembre 1999, la ministre responsable de l’habitation au gouvernement du Québec, Louise Harel, avait elle-même affirmé que «le logement subventionné avec support communautaire et le logement de transition pour les personnes en voie de réinsertion sociale constituent maintenant les avenues à privilégier pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables».

Loge m’entraide est scandalisé de la situation et il réclame que le gouvernement Bouchard rende des comptes sur son utilisation de l’argent destiné au logement des sans-abri. L’organisme demande spécifiquement au gouvernement péquiste de prouver que l’argent devant servir au logement des sans-abri n’est tout simplement pas passé à la moulinette des compressions budgétaires qui ont fortement frappé les budgets de la Société d’habitation du Québec, au cours des deux dernières années.

Quoiqu’il en soit, Loge m’entraide demande maintenant au gouvernement du Québec de s’engager à ce que les 30 millions $ qu’il lui reste à recevoir d’Ottawa pour les deux prochaines années serve véritablement aux sans-abri et plus particulièrement à leur fournir un logement social avec support communautaire.