Chicoutimi, le 13 décembre 2000
Communiqué
de presse
Baisse de l’inoccupation
dans le logement privé en particulier à La Baie
«Si les gouvernements voulaient la preuve que le logement locatif est
en crise au Canada et au Québec et bien, ils l'ont!». C'est dans ces termes
que la coordonnatrice de Loge m’entraide, Sonia Côté, réagit aux résultats
de l'enquête sur le logement locatif publiés le 30 novembre dernier par la
Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Sonia Côté estime que ce sont les locataires à plus faible revenu qui
sont les principales victimes de la diminution du taux d'inoccupation des
logements locatifs, qui a glissé
bien en-dessous du seuil critique de 3 % , plus particulièrement pour la ville
de La Baie. Un fait spectaculaire
dans cette ville, l’an dernier, le taux d’inoccupation était de 10.2 pour
les 3 chambres à coucher, et voilà un an après, le taux descend
catastrophiquement à 2.6. À Chicoutimi, toujours pour les 3 chambres à
coucher en 1999, le taux était de 2.5 % et en 2000, il descend à 1.8 %.
Chicoutimi-Nord est durement touché
aussi par les appartements 5 et demi, puisque que le taux était de 2.9 %
en 1999, et maintenant, il est à 0.7 %, .
Toutefois, Jonquière semble être la région la moins touchée par ce
taux d’inoccupation.
Selon Sonia Côté, les propriétaires de logements locatifs pourraient
profiter de cette rareté pour augmenter leurs loyers. La tendance a déjà
commencé à se manifester. À Chicoutimi, par exemple, le loyer moyen pour un
appartement pour un logement 3 ½ qui
était de 362 $ en 1999 est maintenant de 371 $. Pour la Baie, le loyer moyen en
1999 pour un 5 et demi était de 388 $, et maintenant, il grimpe à 414 $.
Loge m’entraide admet que ces augmentations sont loin d'être aussi
dramatiques que celles enregistrées au début des années 80, mais il craint
que la tendance ne s'accélère dès le prochain renouvellement des baux.
Sonia Côté considère que les personnes et les familles pauvres sont
incapables de faire face à toute hausse de loyer, compte tenu qu'elles étaient
déjà dans la misère. De plus, le revenu réel des ménages assistés sociaux
et de ceux au salaire minimum a chuté au cours des dernières années.
«Les locataires à faible revenu n'ont plus aucune marge de manœuvre,
estime Sonia Côté, et toute augmentation de loyer se répercute directement
sur leur capacité à pourvoir à leurs autres besoins essentiels. Comment une
personne ou une famille peut-elle consacrer 50 %, 60 %, 80 % de ses revenus au
loyer et arriver en même temps à se nourrir, à se vêtir ou à se soigner
convenablement ?»
Sonia Côté considère aussi que la rareté des logements permet aux
propriétaires d'être encore plus sélectifs dans le choix de leurs locataires.
Dans un tel contexte, les locataires à plus faible revenu, en particulier les
personnes assistées sociales, sont davantage susceptibles d'être victimes de
discrimination, de se voir interdire l'accès aux meilleurs logements locatifs
et d'être refoulés vers des appartements taudifiés incapables de trouver
autre preneur.
Selon Mme Côté, les locataires pauvres demeureront également captifs
de leurs logements actuels, fussent-ils de piètre qualité. À son avis, s'il
sera difficile pour tout locataire de se trouver un logement, la difficulté
sera d'autant plus grande pour les faibles revenus.
Un cri d'alarme au gouvernement
Loge m’entraide lance un cri d'alarme à tous les paliers de
gouvernement pour qu'ils réagissent à cette situation. Il estime qu'ils
doivent tout mettre en oeuvre pour augmenter l'offre de logements locatifs
accessibles aux locataires à faible revenu.
L'organisme rappelle, à ce sujet, que le Parti libéral du Canada a
pris l'engagement, lors de la dernière campagne électorale, de mettre sur pied
un programme de construction de logements dits abordables. Loge m’entraide lui
demande de livrer la marchandise, dès son prochain budget, en augmentant considérablement
les 170 millions $ par année promis à cette fin et surtout en favorisant la
seule formule qui a fait ses preuves pour fournir durablement du logement à bas
loyer pour les ménages à plus faible revenu, celle du logement social.
Loge m’entraide croit que le gouvernement québécois doit aussi
profiter de son prochain budget, pour accroître les sommes qu'il consacre au
logement social. Le Québec ne peut par ailleurs plus se contenter d'encourager
la seule rénovation des logements existants et il doit recommencer à financer
la construction neuve d'habitations sociales, en particulier de HLM.
Loge m’entraide réclame enfin du gouvernement Bouchard qu'il protège
plus adéquatement le parc de logements locatifs et les locataires à faible
revenu. Il lui demande entre autres de prendre note de la raréfaction des
logements locatifs pour à nouveau interdire toute conversion de logements en
condominiums. Il croit enfin qu'il est du devoir du gouvernement de prendre des
mesures sévères contre la discrimination dont les locataires les plus vulnérables
sont victimes, lors de la location d'un logement.