5 juin 2005
Loge m’entraide écrit à la ministre Michelle Courchesne
Mme Michelle Courchesne
Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Loge m’entraide maintient son objection au projet de loi 57 et demande son remplacement par une loi qui ferait faire au Québec un véritable pas en matière de protection du revenu et qui tiendrait compte de la dignité humaine des personnes appauvries du Saguenay Lac-St-Jean et de l’ensemble du Québec. Les amendements au projet de loi 57 sur l’aide aux personnes et aux familles, déposés le 31 mai 2005 à la Commission des affaires sociales, ne règlent pas les lacunes fondamentales du régime de la Solidarité sociale.
Le régime proposé reste gravement préjudiciable aux personnes appauvries. Il maintient les prestataires de la Solidarité sociale dans des conditions de pauvreté inacceptables. Il renforce les préjugés en accentuant la catégorisation des personnes en fonction de leur aptitude présumée au travail et en utilisant ces catégories pour justifier des prestations différentes dans des programmes distincts. Loin de couvrir les besoins essentiels tels se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, il ne garantit aucune indexation. Bref, les amendements proposés ne conduisent pas à une pleine application de la « Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale ».
L’intensité de la pauvreté reste entière
Les modifications annoncées sont mineures, d’autres sont plutôt cosmétiques. Entre autre, l’abandon du projet de saisie des chèques pour non paiement de loyer était une bonne nouvelle mais a été carrément terni par une disposition qui, sans s’attaquer au fond du problème, soit l’incapacité de payer, ouvre la porte à des mesures de tutelle et de contrôle des prestations par des tiers.
Aussi, l’annonce d’un montant de la prestation qui serait protégé de toute forme de saisie est mitigée puisque le débat sur la hauteur de ce montant est reporté au règlement à venir. De plus, l’abandon du projet d’allocation de participation, une mesure décriée qui figurait dans le projet de loi 57 au lieu d’une indexation complète des prestations, ne conduit pas à réajuster les prestations : les sommes seront plutôt redirigées vers des organismes qui accompagneront des personnes supposément pour les aider à s’en sortir alors qu’on les aura au préalable privées de moyens qui auraient dû leur revenir.
Cela tient carrément du miracle
Il est étonnant que les personnes appauvries soient encore plus pauvres en juin 2005 qu’avant le dépôt du projet de loi 57. Pourtant, le budget du Québec n’a cessé d’enrichir les plus riches de notre société. De plus, le gouvernement du Québec a beau vouloir encourager les personnes appauvries à travailler, il y a moins d’argent dans les crédits 2005-2006 que dans ceux de l’année précédente pour formuler une aide à l’emploi qui pourra répondre à la demande.
Dans une société aussi riche que la nôtre, Loge m’entraide croit qu’il serait possible de combattre la pauvreté avec de la volonté politique. Chaque jour, Loge m’entraide voient des personnes appauvries. Soyez assurée, Mme Courchesne, que toutes ces personnes ont du cœur au ventre. Elles doivent faire preuve de courage et d’espérance pour ne vivre qu’avec 533 $ par mois et un coût de loyer moyen de 420 $ (logement 3 ½ à Saguenay). Dites-nous : comment peuvent-elles se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner en toute dignité humaine ? Vous en conviendrez avec nous : leur survie tient carrément du miracle.