22 mars 2004
Communiqué de presse
LOGE M’ENTRAIDE EST REPARTI LES MAINS VIDES
Commissaires de la Commission scolaire de La Jonquière.
Loge m’entraide désire vous exprimer sa grande déception suite à la décision que vous avez prise le soir du 16 mars 2004 face à la future vocation de l’école St-Michel. Vous n’êtes pas sans savoir que pour fonder une coopérative d’habitation, le gouvernement exige une « contribution du milieu » équivalant à 15 % des coûts de réalisation du projet. Cela passe par le don d’un bâtiment, ou d’un terrain, ou tout simplement, par un don monétaire. Une fois cette contribution obtenue, cela permet de recevoir une subvention gouvernementale pour réaliser un projet de logements coopératifs.
Loge m’entraide est reparti les mains vides
Le soir du 16 mars 2004, devant 42 militantEs de Loge m’entraide, vous aviez l’opportunité de céder l’une ou l’autre des écoles St-Michel ou St-Alfred. Nous ne demandions pas l’impossible, ni même quelque chose d’inaccessible mais tout simplement un geste humanitaire pour loger des familles, des enfants qui n’arrivent tout simplement plus à se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner décemment ici, dans notre région.
Après avoir attendu 4h00 pour connaître votre décision, assis bien sagement, courageusement et patiemment, Loge m’entraide est reparti les mains vides. Respectant tout de même votre décision de céder pour 1.00 $ l’école St-Alfred à Ville de Saguenay et d’aller en appel d’offre pour l’école St-Michel, nous avons vite compris que pour St-Michel, le mot « profit » passait avant le mot « compassion ».
La pauvreté ne se voir pas physiquement
Ici, au Saguenay, personne ne dors dans les rues ni mendie sur les trottoirs. La pauvreté ne se voit pas à l’œil nu mais elle est tout aussi présente. Regardons simplement la naissance de nombreuses Soupes populaires, les multiples pertes d’emplois qui s’abattent sur notre région, le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, le coût des logements qui hausse chaque année, les tarifs d’électricité qui montent en flèche, les frais exorbitants de cartes d’autobus, de vêtements, de nourriture, de médicaments, de ligne téléphonique, le haut taux de chômage qui fait de Saguenay une région dans les premiers rangs au Canada, etc…
Les dernières données du recensement de 2001 nous démontrent qu’à Saguenay, nous n’avons pas de quoi se vanter dans la lutte à la pauvreté : 8730 ménages locataires doivent consacrer plus de 30 % de leur revenu au loyer, dont 4450 au-delà de 50 %. Encore pire, un ménage locataire sur 10 (ce qui équivaut à 2500 ménages locataires) doit consacrer plus de 80 % de son revenu pour se loger. De plus, Saguenay est la première au rang provincial où le revenu des ménages locataires a chuté de 30.2 % au cours des 20 dernières années comparativement à la moyenne provinciale qui est de 17 %.
Une affaire de société
Depuis 1 ½ an, Loge m’entraide accompagnait et soutenait 5 personnes locataires de l’arr. Jonquière pour fonder un projet de coopérative d’habitation. Nombreuses réunions ont eu lieu et pas moins de 15 interventions ont été faites auprès de votre Commission scolaire (lettres, entretiens téléphoniques et rencontres) pour obtenir le don d’une école. Avec force et courage, ces personnes se sont investies bénévolement dans le but de réaliser une coopérative d’habitation pour se sortir de la pauvreté. Il est clair que le soir du 16 mars 2004 restera gravé dans leur mémoire.
Que les paroles se taisent et que les gestes parlent
Comme société, qui que nous soyons et quoi que soit le rôle que nous avons au sein de celle-ci, nous devrions toutes et tous être interpelléEs par l’élimination complète de la pauvreté. On dit souvent que lutter contre la pauvreté est illusoire, voir même utopique… Pour Loge m’entraide et ses 964 Membres, c’est tout le contraire. Nous avons la certitude que si toutes les personnes qui ont le pouvoir de décision mettaient la main à la pâte, ensemble, nous pourrions combattre ce phénomène de la pauvreté qui se cesse de s’aggraver d’années en années.
Nous sommes déçuEs d’une telle décision de votre part mais nous sommes encore plus convaincuEs que nous devons poursuivre la bataille et ce, au nom des ménages locataires qui demandent à vivre décemment sous un toit coopératif. N’attendons pas de voir apparaître l’itinérance dans nos rues. Prévenons ce phénomène avant qu’il ne soit trop tard. L’heure n’est plus à démontrer l’existence de la pauvreté mais bien à passer des paroles aux gestes et agir pour la contrer.