14
janvier 2003
Communiqué de presse
Mme Raymonde Tremblay victime du syndrome « Pas dans ma cour » affirme Sonia Côté
LOGE M’ENTRAIDE BLESSÉ ET TOUCHÉ PAR DE TELS PROPOS
Les propos de Mme Raymonde Tremblay envers les personnes plus démunies qui ont été publiés dans le Réveil du 12 janvier 2003, n’ont pas tarder à faire réagir la coordonnatrice de Loge m’entraide, Mme Sonia Côté. « Propos teintés d’injustice et préjudiciables » lance-t-elle, la coordonnatrice tient à remettre les pendules à l’heure.
Un « ghetto » ?
Contrairement à Mme Tremblay, la vision de Loge m’entraide face à un ghetto n’est pas du tout la même. « Nous ne considérons pas que les personnes qui vivent dans le quartier St-Nom-de-Jésus sont dans un « ghetto de pauvres » comme elle-même l’a mentionné. » Selon la coordonnatrice de Loge m’entraide : « Mme Tremblay a blessé beaucoup de personnes : locataires de son quartier, personnes à faible revenu, les 819 membres de notre organisme, les requérantEs de HLM et de coopérative, les organismes qui luttent contre la pauvreté, et sûrement les milieux religieux ».
« Voir un ghetto est relié uniquement avec la manière de regarder et c’est dans notre manière de penser que nous « ghettoïsons » des personnes. Si au moment de poser un regard nous décidions que les personnes locataires qui vivent dans le quartier St-Nom-de-Jésus sont des personnes au même titre que les autres, que verrions-nous ? Des personnes semblables à nous toutes et tous qui ont le droit de vivre et d’exister comme tout le monde », explique Sonia Côté.
Selon la définition du dictionnaire, un ghetto est un: « lieu où une minorité vit séparée du reste de la société ». Ainsi, comme le dit Sonia Côté : « nous pourrions tout aussi bien dire qu’il existe des ghettos dans notre ville en ciblant par exemple des parcs de maisons mobiles, des blocs de logements pour personnes âgées concentrés au même endroit, des rues de résidences plus luxueuses, des communautés religieuses en retrait, des chalets en campagne, et quoi encore ! ».
Le syndrôme du « pas dans ma cour »
Ce qui choque l’organisme, c’est que les propos de Mme Raymonde Tremblay, comme c’est souvent le cas pour d’autres personnes, expriment une espèce de « répugnance » à voir apparaître des logements sociaux et ont le désir de les voir dans la cour du voisin. Sonia Côté appelle ce genre de comportement le syndrome : "Pas dans ma cour"... « La réalité reflète très souvent une image difficile à voir et souvent, les personnes aimeraient mieux transférer le problème sur le terrain du voisin ».
Élargir sa vision…
Mme Côté pose la question : « Avant de juger, il faut se poser des questions et développer davantage notre vision collective de la situation : pourquoi la pauvreté me dérange-t-elle ? Est–elle trop dure à voir ? Est-ce que le fait de vivre près des personnes appauvries fait que je me sens identifier comme personnes appauvries ? Qu’est-ce qui provoque le syndrome « pas dans ma cour » ? La pauvreté pourrait-elle être combattue ? Comment pourrais-je venir en aide à ces personnes plutôt que de les pointer du doigt ? Voilà bien des questions qui pourraient être débattues et Mme Côté va même jusqu’à inviter Mme Tremblay à son bureau pour démystifier sa vision envers la pauvreté.
Une mixité de gens
Dans une coopérative d’habitation vivent une mixité de personnes : des gens à faible revenu et à revenu moyen… « Il est serait plutôt juste de dire que ces personnes locataires à faible revenu sont avant tout des personnes humaines, qui désirent vivre dignement, dans un milieu de vie qui leur permet de ne pas être discriminées et jugées. Ce sont des personnes comme les autres, avec une seule différence : leur condition économique… c’est tout », tient à souligner fortement Mme Côté.
L’espoir ravivé et implications diversiviés
Rassembler des personnes vivant une même problématique ne tue pas l’espoir de s’en sortir… Comme l’explique Sonia Côté, « l’espoir de s’en sortir vient justement du fait que ces personnes humaines ne se sentent plus seules dans leur situation et qu’enfin, elles peuvent se sortir de leur isolement parce qu’elles ne se sentent plus jugées par leur pair ».
Contrairement à ce que pense Mme Raymonde Tremblay, Loge m’entraide constate que les locataires vivant dans des logements sociaux retrouvent l’espoir parce qu’elles peuvent maintenant se nourrir adéquatement et se vêtir, comblant ainsi les trois besoins essentiels. « Nous retrouvons des valeurs de solidarité, de respect, d’entraide, de partage… ce que nous voyons de moins en moins dans notre société plutôt individualiste, indépendante » affirme Mme Côté.
Combien retrouve leur dignité parce qu’elles s’impliquent dans différentes tâches exigées par la coopérative. Entretien extérieur, réparations intérieures, membres au sein du conseil d’administration, comité de sélection, gèrent et administrent une coopérative touchant à la fois les finances, le secrétariat, les relations humaines, et bien d’autres sont autant de comités qui sont assumés par les locataires adapté à la capacité et l’intérêt des locataires. Les locataires ont des aptitudes et des talents polyvalents qui impressionnent come en témoigne Sonia Côté : « Bénévolement, sans rien demander en retour, elles s’impliquent dans l’unique but de garder leur logement social… c’est un milieu de vie communautaire où les gens sont parti prenante dans les décisions et voilà bien une preuve qu’elles se prennent en main ! ».
Marguillière et valeurs d’Évangile...
Ce qui fait encore réagir Mme Sonia Côté, c’est le rôle qu’occupe Mme Tremblay en tant que marguillière au sein de la Paroisse et qu’elle tienne des propos qui va à l’encontre des valeurs de l’Évangile. « Savoir accueillir les bras ouverts les personnes plus vulnérables, exclues et discriminées de la société sans porter un jugement à leur égard, n’est-ce pas là un geste de foi profond, tangible et révélateur teinté d’un accueil inconditionnel ? » exprime la coordonnatrice.
Sonia Côté croit que Mme la marguillière devrait être fière d’accueillir des personnes qui sont dans le besoin et qui cherchent une terre d’accueil : « Tendre la main à l’autre, n’est-ce pas là concrètement un geste d’Évangile ? Avoir un toit est un droit pour toute personne quelque soit son sexe, son âge, et surtout sa condition économique... ».
Loge m’entraide tient à redire que les propos de Mme Tremblay ont touchés et blessés et apportent un préjudice envers les personnes qui vivent dans des logements sociaux et l’organisme se doit de défendre les personnes locataires qui vivent cette pauvreté, et ce, au nom de leur dignité », conclut Mme Côté.